L’intégrale de la musique
La Verrerie | © photo : Nicolas Alsteen

«À une époque, c’était une société prospère. Dans les années 1930, il y avait plus de 400 ouvriers sur ce site », raconte Olivier Bette. L’actuel propriétaire connaît bien l’histoire des lieux. « Les affaires ont commencé en 1905 avec la production de verres et de gobelets, puis il y a eu des vases, des cendriers et des flûtes à champagne. L’entreprise collaborait même avec la Cristallerie du Val-Saint-Lambert. Mais au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les activités ont décliné. En 1975, La Verrerie de Braine-le-Comte a déposé son bilan. Moi, j’avais 10 ans. » Le petit garçon d’alors est aujourd’hui le principal occupant des bâtiments. « À l’origine, je les ai achetés avec l’intention d’ouvrir un garage pour voitures de collection. J’ai toujours bossé dans l’automobile. C’est ma passion. J’avais une société spécialisée dans les petites réparations que j’ai vendue en 2013. Avec les bénéfices, j’ai acquis cet endroit. Avant d’entamer les travaux de rénovation, j’ai organisé une fête en vue de casser les murs dans la joie et la bonne humeur. » Initialement prévue le temps d’une soirée, la bamboche s’étale finalement sur plusieurs jours. « C’était une bringue incroyable, assure Olivier Bette avec des étoiles dans les yeux. Cet épisode a totalement changé mon rapport à La Verrerie et à sa future affectation. J’y ai vu l’occasion d’organiser des manifestations culturelles. »
 Située à 35 mètres de la gare de Braine-le-Comte et à 35 kilomètres de Bruxelles, Mons ou Charleroi, La Verrerie est désormais le rendez-vous de mélomanes curieux et d’un public en quête d’expériences artistiques. « Nous avons créé une asbl pour présenter des concerts mais aussi des pièces de théâtre, du stand-up et des expos », indique Olivier Bette. À l’intérieur de la bâtisse en briques rouges, les styles et les époques se croisent : gradins sixties avec sièges orange assortis, poêle à bois, lustres en cristal période Empire, chaises de café ou canapés élimés habillent les lieux. « Ce sont des objets chinés ou récupérés à gauche et à droite. » Au-delà de sa décoration atypique, le bâtiment se découpe en deux espaces spécifiques. « Au rez-de-chaussée, la salle de 250 personnes se prête bien aux performances électrifiées. À l’étage, l’ambiance se veut plus feutrée. » Tapisseries et abat-jours esquissent en effet une atmosphère tamisée, parfaitement adaptée aux prestations acoustiques. Dehors, un jardin offre un écrin de verdure à l’ancien site industriel. « Pendant le confinement, c’était l’emplacement idéal pour accueillir les gens dans le respect des règles sanitaires. » La polyvalence des lieux est même à l’origine d’un rapprochement avec le Centre Culturel de Braine-le-Comte 
et son directeur Joris Oster. « Nous affichons complet avec des groupes comme Hooverphonic ou Girls in Hawaii, confie ce dernier. Mais avec des artistes émergents, il nous arrive d’être à 70 dans une salle de 700 places. C’est moche. En revanche, à La Verrerie, la même jauge a fière allure. Nous avons donc décidé de travailler ensemble. » Une étroite collaboration qui n’écarte par ailleurs aucun style musical. « Nous sommes aussi à l’aise avec un concert de rock indépendant qu’avec une performance de viole de gambe, assure Olivier Bette. Tous les projets sont les bienvenus à l’exception des groupes de reprise. C’est le seul créneau que nous refusons d’appuyer. Parce que notre objectif premier est de soutenir la création artistique. » Bonne attitude !