L’intégrale de la musique

Fondatrice et "General Manager" de l’agence Be Culture installée à Bruxelles, Séverine Provost enseigne la communication à Arts², l’École Supérieure des Arts de Mons. Son cours de Communication, du « media training » comme elle le qualifie, permet à ses étudiant·e·s, qu’elles·ils soient plasticien·ne·s, comédien·ne·s ou musicien·ne·s, d’acquérir les outils grâce auxquels elles·ils seront le mieux à même de parler d’elles·eux et de ce qu’elles·ils font. Que ce soit dans le programme d’un festival ou pendant une interview avec un·e journaliste. Parmi ces outils, outre deux bonnes photos, une verticale et une horizontale : l’indispensable biographie. Voici ses conseils pour rendre celle-ci la meilleure possible. 

Prévoir deux versions

« Un organisateur de concerts n’a pas besoin de recevoir une bio de trois pages pour l’insérer dans son programme. S’il reçoit une bio de trois pages, le problème, c’est qu’il va couper dedans et vous ne serez pas content en découvrant ce qu’il a coupé ! » Quant au journaliste auquel sa·son rédac’ chef demande de rédiger une petite news sur le premier clip de telle jeune rappeuse, il ne va pas forcément se servir de bout en bout du texte de trois pages qu’elle pourrait avoir rédigé. Mais quelques lignes de plus peuvent par contre être utiles à ce journaliste quand il va préparer l’interview de cette même rappeuse, le jour où elle sort son premier album. L’idée est donc, avant tout, d’imaginer un texte flexible, modulable, de sorte qu’il corresponde au mieux aux besoins de celui ou celle à qui il est destiné. « Dans l’absolu, résume Séverine Provost, je dis toujours à mes étudiants de rédiger une bio de 15 lignes maximum et une autre plus longue. »

Un peu d’émotion

Une biographie n’est ni un CV formaté ni un rapport de psychologue. « Souvent, quand ils me lisent leur bio, parce qu’ils doivent la lire au cours, je leur dis que je ne les reconnais pas et que ça ne vit pas. Sans aller dans l’intimité pure, elle doit pourtant dégager un peu d’émotion. C’est pas mal de ressentir la personnalité, du musicien par exemple. » Pour que cette sorte de carte de visite dise qui est l’artiste, qu’elle ait une âme, vive, il est bon d’y glisser deux ou trois anecdotes qui lui tiennent à cœur. « Raconter par exemple comment la musique vous fait vivre, comment vous êtes devenu musicien, Il faut donner du sens à son choix de vie, faire passer la passion, raconter une vraie histoire. »

Les dates importantes

Cela peut sembler compliqué voire impensable, mais s’il y a des dates à mentionner, il convient de se limiter aux essentielles. Dont le nombre peut varier en fonction des années d’activité. « Au cours, c’est souvent d’abord très scolaire : "Je suis sorti avec le Prix Belfius" et puis suivent 15 lignes de dates. Tandis que quand ils sont un peu plus professionnels, ou dans les biographies que nous rédigeons à l’attention des musiciens pour lesquels travaille l’agence, il y a tout de suite moins de dates et il est beaucoup plus question de fond. »

Une mise à jour régulière

Dès lors que les activités se succèdent, une biographie se relit. « Au minimum tous les trois mois, préconise Séverine Provost, et idéalement tous les mois. » Bien sûr : de bout en bout ! « Il ne s’agit pas juste de rajouter la dernière date ou le dernier projet, sans quoi cette bio sera toujours à rallonge! Il faut aussi mettre à jour les premières lignes, peut-être en supprimant des éléments qui vous paraissaient importants en sortant de l’école ou du conservatoire mais qui le sont moins cinq ans plus tard. » Faut-il y inclure des extraits de presse? « A priori, non. Le gars de la BBC se fiche pas mal de l’avis du gars de la RTBF! En même temps, en musique classique ou sur la scène pop/rock, ça peut être intéressant de savoir que tel journaliste hyper reconnu vous a recommandé... Il faut donc évidemment doser et certainement ne pas en insérer si ça risque finalement de vous mettre dans l’embarras. »