L’intégrale de la musique

En cent ans, l’objectif de la SABAM reste le même : faire en sorte que les créateurs récoltent une juste rémunération pour leur œuvre, à partir du moment où celle-ci est diffusée ou exécutée en public.

La Société Belge des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs est née en 1922 alors que la musique enregistrée se répandait dans les foyers grâce au gramophone et au 78 tours. Ce sont pourtant les droits d’auteurs proprement dits (liés à la composition et à l’écriture) et non les droits liés à l’enregistrement, qu’elle défend. « La mission de la SABAM est de valoriser les créations de ses membres. La société belge et multidisciplinaire a été fondée par des auteurs qui se sont rendu compte qu’il fallait créer un système qui leur permette d’être rémunérés pour l’utilisation de leurs œuvres », explique Anne-Cécile Collignon, du service communication de la société.

Souvent associée exclusivement à la musique, la SABAM représente pourtant toutes sortes d’auteurs, au sens large : compositeurs, paroliers, dramaturges, peintres, illustrateur, poètes, vidéastes, journalistes ou éditeurs et on en passe… Aujourd’hui, ils sont presque 46.000 à être affiliés à la SABAM – soit 1.734 nouveaux membres par an. Le catalogue de la Sabam représente des millions d’œuvres belges et étrangères. Mais concentrons-nous sur la musique. Concrètement, comment ça fonctionne ?

Les auteurs-compositeurs ou éditeurs en s’affiliant deviennent actionnaires de la société coopérative (SABAM) pour que celle-ci puisse (en direct ou via la plateforme Unisono) négocier et conclure des licences pour l’utilisation de son répertoire avec différentes parties comme les chaînes de radio et de télévision, les plateformes de streaming et de partage, l’horeca ou les commerces.

Tout cela à quel tarif ? « Cela dépend du type de diffusion et d’exploitation, dit Steven Desloovere, responsable opérations. Qu’il s’agisse d’une utilisation quotidienne (streaming, radio, cafés) ou occasionnelle (spectacle ou soirée), le tarif sera différent ». En gros, le calcul de la valeur des œuvres utilisées prend en compte de nombreux critères. Un simulateur de tarif est d’ailleurs mis à disposition sur le site Unisono afin de permettre à quiconque de faire un rapide calcul du montant à payer.

Si la SABAM bosse pour garantir une rémunération juste aux auteurs-compositeurs qu’elle représente, son rôle ne doit pas être confondu avec celui des éditeurs qui, eux aussi, représentent les auteurs-compositeurs. Un éditeur cherchera à placer une chanson (dans une publicité, une série, un film ou autre) pour créer de la valeur. La SABAM s’occupera de percevoir et redistribuer cette valeur. Dans tous les cas, c’est l’auteur-compositeur qui décide s’il accepte de voir sa chanson circuler. Exemple de saison : Kate Bush ou Metallica dans la série Stranger Things ? Proposition de l’éditeur, accord de l’artiste et l’équivalent de la SABAM en Angleterre et aux États-Unis s’occupe de récolter les deniers chez Netflix.

Aujourd’hui, justement grâce à Netflix, mais aussi TikTok, YouTube ou Spotify, la musique circule de plus en plus. Résultat, les droits d’auteur valent de l’or. Et cela, les majors du disque et autres grosses boîtes d’édition l’ont bien compris, qui rachètent des catalogues entiers à prix d’or. La chanson se monétise, le droit d’auteur devient valeur financière. Cela se passe surtout aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, avec les stars du rock comme Bruce Springsteen, Bob Dylan ou Neil Young, mais la tendance est universelle. Et semble là pour durer.

Comment se positionne la SABAM par rapport à tout cela, elle qui voit le droit d’auteur comme le Graal des auteur·trices ? « Ça dépend des cas, dit Steven Desloovere. Je peux comprendre qu’un Springsteen qui est déjà âgé et en fin de carrière, veuille vendre. Mais pour de jeunes auteurs-compositeurs, c’est différent. Quelle est la valeur d’une création ? C’est ce qu’on cherche à savoir. » La SABAM va-t-elle dès lors se développer en conseiller ? « C’est une possibilité. Une chose est sûre, on va toujours défendre les compositeurs pour qu’ils récoltent le fruit de leur travail à la plus haute valeur possible pour une chanson sur le marché. »